Télétravail la révolution du home office, Dominique Szepielak répond à nos questions dans cette nouvelle interview.
Sommaire :
Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire cet ouvrage ?
Le télétravail, une tendance qui diminue ?
Quels sont les bienfaits psychologiques qu’a eu le télétravail sur les salariés ?
Une entreprise en full remote, une menace pour le moral ?
De quelle manière ces nouvelles méthodes de travail impactent le temps personnel et professionnel des salariés ?
Pensez-vous qu’à terme le télétravail entrera dans les moeurs et sera obligatoire pour certaines professions ?
1. Qu'est qui vous a poussé à écrire cet ouvrage ?
Pascal Leroy et moi-même avons une amitié de plus de vingt ans. Tous deux chefs d’entreprises, nous échangeons régulièrement sur des problématiques sociétales, d’entreprises et d’épanouissement dans le monde du travail.
Interpelés par le télétravail, ne serait-ce que dans nos structures, Pascal m’a proposé d’écrire un livre sur la nouvelle tendance et je lui ai répondu bingo.
Ce fut l’opportunité pour nous de structurer une pensée et de sortir de l’opinion. Nous voulions du pragmatisme et du concret.
Dans cette dynamique, nous avons proposé à d’autres, informaticiens, historiens d’art, avocats, écologistes… de participer à l’aventure et ainsi apporter des éléments concrets aux employés, aux syndicats et aux entrepreneurs. De par notre expérience, nous voulions produire un livre pour tous sans parti pris.
2. Le télétravail, une tendance qui diminue ?
Oui et non, certains l’abandonnent, d’autres la pérennisent. Cela dépend de l’activité et de la dynamique propre de chaque entreprise.
Le télétravail, ou plus précisément, le Home Office, ne peut, non seulement pas s’improviser, mais nécessite la prise en compte de la situation économique et sociale de la structure.
Même si nous aimons tous généraliser, il ne faut pas oublier que généraliser reste une démarche qui économise la pensée. Ici, nous parlons d’adaptabilité et de cohérence environnementale. Ainsi, généraliser serait dévoyer une nouvelle approche du travail qui peut être très cohérente dans certains secteurs d’activité, et bien moins dans d’autre. C’est aussi à cette question que se propose de répondre notre livre, et ce, pour chacun, en apportant les éléments permettant d’orienter la prise de décision. Bien des structures font ainsi appel à nous pour les accompagner dans leurs orientations finales.
3. Quels sont les bienfaits psychologiques qu’a eu le télétravail sur les salariés ?
Pas pour tous. Mais pour certains, le télétravail, ou le Home Office, pour être exact, a permis à certains employés de sortir d’une aliénation produite par des transports interminables et incertains et une ambiance délétère au bureau.
Cependant, dans tous les cas, cette forme d’activité professionnelle doit être cadrée et accompagnée, car d’autres dérives, d’autres souffrances au travail peuvent en découler et encore une fois, nous intervenons dans les entreprises pour que le Home Office s’inscrive dans une pérennité profitable et non dans une autre forme d’aliénation.
4. Une entreprise en full remote, une menace pour le moral ?
Pour le secteur informatique, cette pratique n’a pas attendu la crise sanitaire et est loin d’être une nouveauté.
Dans d’autres activités du tertiaire, nous évoquons dans le livre le risque du dilemme du prisonnier : on prend toujours la mauvaise décision quand on est isolé, ce qu’il faut éviter. Travailler seul peut être une excellente chose, mais être isolé, c’est aussi se retrouver dans un contexte favorisant la dévalorisation personnelle et le manque de renouvellement professionnel.
Le leitmotiv de notre ouvrage est que pour chaque secteur, chaque structure, il faut adopter la démarche la plus proche de leur réalité économique et sociale. Généraliser est toujours dangereux et nous avons bon nombre d’exemples dans l’histoire des entreprises et dans l’histoire tout court.
5. De quelle manière ces nouvelles méthodes de travail impactent le temps personnel et professionnel des salariés ?
Encore une fois cela dépend du travail et de l’individu. Une personne qui a naturellement du mal à s’organiser et à séparer le travail de la vie privée, pourra très vite se sentir en souffrance psychologique, professionnelle, familiale.
Ainsi, des personnes peuvent avoir tendance à remettre en cause leurs schémas ou leurs choix de vie pour fuir ce nouvel équilibre proposé.
Une attention est toujours à porter à ces situations particulières pour éviter qu’elles ne deviennent délétères ou qu’elles ne dégénèrent.
6.Pensez-vous qu’à terme le télétravail entrera dans les moeurs et sera obligatoire pour certaines professions ?
Rendre obligatoire le télétravail, ou Home Office, semble être une contrainte peu respectueuse de l’individu. Pour produire, chacun a besoin de s’inscrire dans du sens et dans un projet. Lorsqu’on impose, il n’y a pas de projet. Encore une fois, l’histoire montre que toute soumission se finit toujours par une crise sociale, voire sociétale.
Le Home Office est une opportunité, une extension de la vision de l’entreprise qu’il s’agit de considérer toujours dans le respect des individus et aussi des dirigeants pour que cela soit profitable.
Szepielak D., Télétravail la révolution du home office, First, octobre 2021.
Une interview de Dominique Szepielak par Tiphaine Rabolt pour FoxRH.
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