Suis-je hypersensible ?, Fabrice Midal répond à nos questions dans cette nouvelle interview.
Sommaire :
Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire cet ouvrage ?
Vous qualifiez cette « différence » de pouvoir. Comment l’expliquez-vous ?
A quel moment se diagnostique l’hypersensibilité ?
Combien de personnes en France sont hypersensibles ?
Y-a-t-il plusieurs niveaux d’intensité ?
L’hypersensibilité peut-elle être un réel atout au travail ?
Si vous ne deviez donner qu’un conseil pour apprendre à gérer ses émotions. Lequel serait-il ?
1) Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire cet ouvrage ?
La découverte de mon hypersensibilité il y a une dizaine d’années a été un profond basculement. J’ai enfin compris qui j’étais.
Chaque fois que j’en parlais avec des connaissances, dans des conférences, je voyais que les recherches que j’étais en train d’entreprendre auprès de neuroscientifiques, d’anthropologues et de philosophes, aidaient vraiment, de manière extraordinaire et bouleversante même mes interlocuteurs à se comprendre. J’ai donc décidé de rendre mon travail public.
Quand on ne sait pas qu'on est hypersensible, on se sent honteux, coupable de ses réactions, de ses émotions. On les on vit comme des manques, des fautes, des incohérences. On ne voit pas le lien entre les différentes manifestations de son hypersensibilité : on peut se mettre à pleurer en écoutant la radio, réagir très fort à certains sons ou à certaines odeurs. On peut aussi avoir des flashs d'intuition déconcertants. Tant qu'on ne relie pas ces phénomènes, on se dit qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond, on se sent bizarre, anormal. Se reconnaître comme hypersensible, c'est comprendre que ces différentes manifestations forment un tout cohérent. C'est le premier pas vers l'acceptation. Et puis on découvre comment en faire une vraie force.
2) Vous qualifiez cette « différence » de pouvoir. Comment l’expliquez-vous ?
La faiblesse de l’hypersensible est d’être facilement bousculé, ému, touché par la vie ! Mais c’est aussi une force ! Ils voient les signaux faibles que les autres ne perçoivent pas. C’est eux qui inventent de nouvelles solutions, de nouveaux programmes…
Mais le problème de l’hypersensible consiste à vivre selon des règles du jeu social qui ne lui correspondent pas. C’est un peu comme si quelqu’un conduisait en sens inverse sur l’autoroute. L’hypersensible est inquiet. Et il a raison. Il a un mauvais GPS qui ne lui correspond pas ! J’ai dans ce livre établi les règles propres à conduire aisément tout hypersensible.
Et c’est pourquoi les gens sont aussi surpris en découvrant enfin un mode d’emploi qui leur correspond.
3) A quel moment se diagnostique l’hypersensibilité ?
L’hypersensibilité ne se diagnostique pas. Elle n’est pas une maladie !
4) Combien de personnes en France sont hypersensibles ?
On estime entre 20 et 30% de la population qui est hypersensible selon les dernières recherches. Et ce pourcentage est le même depuis les temps les plus anciens et se repère chez certains animaux comme les grands singes.
5) Y-a-t-il plusieurs niveaux d’intensité ?
Il y a autant de manière d’êtres hypersensibles que d’êtres qui le sont.
6) L’hypersensibilité peut-elle être un réel atout au travail ?
Très profond. Mais il faut comprendre son hypersensibilité pour se libérer de sa susceptibilité – les hypersensibles sont en effet très susceptibles ! Ils sont tellement hyper-empathique.
Il faut aussi apprendre à ne pas confondre la résistance que notre créativité, notre sentiment de justice suscite du rejet. Confondre les deux, découragent à tort nombre d’hypersensibles.
Mais il y aurait là trop de choses à dire. Car c’est vraiment d’un mode d’emploi que l’hypersensible a besoin de découvrir et que j’ai mis au point après des analyses de centaines d’expériences en entreprises.
7) Si vous ne deviez donner qu’un conseil pour apprendre à gérer ses émotions. Lequel serait-il ?
Surtout ne cherchez pas à gérer votre stress… le stress ne se gère pas : on peut le rencontrer, l’écouter, le transformer, l’apaiser…Mais vouloir le gérer, c’est déjà prendre les choses par le mauvais côté. Il faut gérer son argent, mais on ne peut pas gérer ce qui est en nous, le plus humain et le plus subtil… Sinon, on se coupe encore plus de notre humanité ! Et cela, un hypersensible ne le supporte pas !!!
Midal F., Suis-je hypersensible, Flammarion, janvier 2021
Une interview de Fabrice Midal par Tiphaine Rabolt pour FoxRH.
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