Dans cette interview de « Du burn-out au born-out », éditions Vuibert écrit par Astrid Le Fur nous présente les 7 étapes pour rebondir d'un burn-out.
Sommaire :
1. Qu'est-ce qui vous a poussé à écrire ce livre ?
2. Vous parlez de Born-out, qu'est-ce que c'est ?
3. Pour revenir sur le Burn-out y-a-t'il forcément un élément déclencheur ?
4. Après un burn-out, est-il possible de revenir travailler dans le même secteur ? Ou faut-il obligatoirement songer à se réorienter ?
5. Vous parlez de 7 étapes, quelle est la plus importante à vos yeux OU difficile à affronter d'après vous ?
6. Vous conseillez aussi aux proches des concernés de se procurer le livre, pensez-vous que l'entourage joue un rôle clé au cours des étapes de reconstruction ?
7. Un conseil pour les managers afin de les aider à détecter ou/et éviter le burn out d'un collaborateur ?
1. Qu'est-ce qui vous a poussé à écrire ce livre ?
Je suis ingénieure de formation, pendant 10 ans j’ai travaillé dans l’industrie agroalimentaire en tant que responsable de programme de recherche. C’est dans ce cadre, qu’un jour en 2016, le burn-out m’est tombé dessus.
A cette époque je n’avais que de vagues apriori sur ce syndrome. Je me suis sentie démunie face à ce qui m’arrivait. Et les professionnels qui m’accompagnaient n’étaient pas en mesure de m’expliquer clairement pourquoi j’en étais arrivée là, ce par quoi j’allais passer et ce que je devais faire pour aller mieux.
C’est à ce moment-là que j’ai décidé de faire du burn-out mon projet prioritaire. Puisque j’étais chargée de programme de recherche, j’allais utiliser mes outils pour remonter la pente par moi-même. Plus tard en 2018, j’ai eu envie d’interviewer d’autres personnes qui avaient vécu un burn-out pour savoir si ce que j’avais compris du burn-out s’appliquait aussi à leur histoire. C’est ainsi que mon schéma des 7 étapes du burn-out est né, ainsi que l’envie d’écrire un blog. Le blog htpps://PartageTonBurnOut.fr est né en janvier 2019, j’y ai partagé ce que j’avais pu comprendre du burn-out, les histoires des personnes que j’avais interviewées et des outils pour aller mieux.
Le blog a rapidement attiré des milliers de lecteurs (plus de 250 000 aujourd’hui). J’ai voulu rendre accessible toute sa richesse à travers un contenu structuré et facile d’accès.
Depuis 3 ans, je suis coach professionnelle spécialisée en prévention et accompagnement du burn-out. En tant que coach j’accompagne les personnes à rebondir après leur burn-out pour le transformer en opportunité. Mais pour pouvoir faire ce travail il est nécessaire d’avoir compris pourquoi on s’était épuisé et travaillé sur soi en amont.
Ce livre est donc aussi une base d’accompagnement pour soutenir ce chemin en parallèle d’un suivi thérapeutique ou médical.
2. Vous parlez de Born-out, qu'est-ce que c'est ?
Le mot « Born-out » vient d’une association de mots qui s’est faite dans ma tête quand le diagnostic a été posé. « Burn-out / born-out » comme naître au-dehors ou renaître. L’idée à ce moment-là qui m’a traversée était que ce que je vivais, aussi difficile soit-il à vivre était en fait le début d’une nouvelle vie.
3. Pour revenir sur le Burn-out y-a-t'il forcément un élément déclencheur ?
Il y a en général plusieurs causes et parfois un élément déclencheur de la chute. Les « causes » sont constitutives de l’environnement de travail toxique et génèrent un stress chronique chez la personne. Cela peut-être une surcharge de travail, un conflit relationnel, une rupture avec les valeurs, une situation injuste, etc.
Cette situation s’étend dans la durée sur plusieurs mois ou années et épuise petit à petit la personne qui la vit. Parfois l’épuisement survient un jour, sans qu’il y ait de déclencheur, juste parce que le corps n’a plus de ressources pour y faire face.
Mais souvent il y a un élément déclencheur qui précipite la personne dans le burn-out : cela peut-être par exemple un stress aigu qu’il n’est pas possible de supporter (une demande impossible à réaliser, une humiliation, etc) ou une déception profonde (refus d’une promotion, etc).
4. Après un burn-out, est-il possible de revenir travailler dans le même secteur ? Ou faut-il obligatoirement songer à se réorienter ?
Il est possible de continuer à travailler dans le même secteur ou au même poste après un burn-out, mais cela implique qu’il y ait eu une discussion avec l’employeur pour identifier les sources de stress chronique et qu’il y ait eu des actions pour qu’elles ne soient plus présentes.
Les entreprises ayant tendance à considérer le burn-out comme un problème individuel, elles n’abordent pas les éléments de l’environnement de travail qui sont toxiques, ce qui rend impossible le retour au travail ou expose le salarié à un risque de rechute, les mêmes causes créant les mêmes effets. Parfois le burn-out génère un état de stress post traumatique qui rend difficile l’idée même de retourner à son poste de travail (comme après un attentat ou un viol).
Dans tous les cas le burn-out est une invitation au changement. Nous devons opérer des changements profonds dans notre rapport au travail, parfois cela inclus notre métier.
Je remarque que nombre de personnes que j’accompagne veulent se réorienter vers un métier qui fait plus de sens pour elles et qui est en lien avec leurs valeurs : l’écologie, le soin aux autres, etc.
5. Vous parlez de 7 étapes, quelle est la plus importante à vos yeux OU difficile à affronter d'après vous ?
Chacune des étapes est un maillon essentiel du cercle vicieux qu’est le burn-out. La plus difficile à affronter est souvent la phase de décompression, après la chute. On se retrouve du jour au lendemain incapable d’aller au travail sans savoir pourquoi.
On pense que l’on va aller mieux, le diagnostic étant posé et l’arrêt de travail étant prononcé. Pourtant notre corps se détraque de plus en plus, des douleurs apparaissent, notre moral tombe en berne. Cela peut-être très angoissant pour les personnes qui vivent un burn-out.
A ce moment-là il est difficile pour elles d’imaginer une issue favorable à ce qu’elles vivent. Certains diront que c’est leur « chute » qui aura été la phase la plus difficile, notamment ceux pour qui elle aura été brutale : accident grave, dégradation brutale d’un organe, bouffées délirantes, tentative de suicide, etc.
On parle alors de décompensation physique ou psychique.
6. Vous conseillez aussi aux proches des concernés de se procurer le livre, pensez-vous que l'entourage joue un rôle clé au cours des étapes de reconstruction ?
Beaucoup de proches aidants viennent chercher des informations sur mon blog ou me contactent car ils ne savent pas quoi faire pour aider leur conjoint/ami/enfant/collègue. On oublie souvent ceux qui sont autour et se sentent démunis face à ce syndrome qu’est le burn-out. C’est pourquoi il m’a semblé important que ce livre puisse être une ressource aussi pour eux. D’ailleurs j’ai prévu des encarts qui s’adressent spécifiquement à eux dans le texte.
7. Un conseil pour les managers afin de les aider à détecter ou/et éviter le burn out d'un collaborateur ?
Le premier élément clé pour détecter en amont les collaborateurs en état de stress chronique est d’observer les changements de comportement et les signes d’épuisement.
Sur les comportements, on peut noter par exemple une personne qui est plus irritable, colérique, cynique, qui a perdu son humour ou qui a tendance à s’isoler.
C’est le changement de comportement qui doit alerter. En parallèle, on peut souvent noter des signes fatigue physique, des accidents ou erreurs inhabituels, des arrêts ou plaintes liés à des soucis de santé récurrents (maux de tête, de dos, de peau, cardiaques, de vue, etc).
A partir du moment où l’on a été informé sur les signes du burn-out et que l’on prend le temps d’observer et de discuter avec ses collaborateurs régulièrement, je pense que beaucoup de situations de souffrance au travail pourraient être évitées.
C’est pourquoi il est essentiel de former et d’informer les managers sur le burn-out. Au-delà d’identifier les collaborateurs à risque d’épuisement, ce qui permet d’éviter le burn-out c’est d’agir concrètement sur les sources de stress chronique.
Cela nécessite donc d’oser aborder ces conversations avec ses collaborateurs et se mettre en recherche de solutions. Parfois l’aide d’un tiers neutre comme un coach professionnel est utile pour cela.
Une interview de Astrid Le Fur par Méline Bourgault pour FOXRH
Astrid Le Fur est une coach professionnelle certifiée, conférencière et auteure du blog https://PartageTonBurnOut.fr et du livre « Du burn-out au Born-out, les 7 étapes vers la renaissance ».
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