« Utiliser le mot télétravail pour moi c’est un abus de langage, parce que ce que nous avons vécu notamment lors du premier confinement, s’apparente plus à du travail à distance en situation de crise »…
Manager le télétravail et le travail à distance, quelle démarche à avoir ? Quelles sont les méthodes à mettre en oeuvre en distanciel ?
Daniel Ollivier, fondateur du cabinet Thera Conseil, conférencier, consultant et auteur de Manager le télétravail et le travail à distance répond à nos interogations et nous propose dans ce nouvel épisode de Cactus une démarche structurée sur les positions à avoir de chacun et les méthodes à mettre en œuvre en distanciel.
Pour aller plus loin, Daniel Ollivier nous apporte quelques approfondissements :
Le télétravail connaît depuis 5 à 6 ans un développement considérable dans notre pays car ce mode de travail répond aux enjeux des entreprises (agilité, réactivité, productivité) tout en satisfaisant les besoins des salariés en matière de responsabilité et de qualité de vie.
La Loi Travail de 2018 a été un accélérateur de son développement car elle a réduit le formalisme juridique sur le plan du contrat de travail et qu’elle autorise le télétravail occasionnel.
A sa manière, la crise sanitaire liée au COVID 19 met en relief par obligation l’importance de s’appuyer sur ce mode d’organisation. Toutefois, le télétravail de se décrète pas. Les salariés des entreprises qui n’étaient pas préparées à ce mode d’organisation mesurent la différence qu’il y a entre une pratique sous contrôle et ce que nous pourrions appeler du travail à distance en situation de crise. La crise sanitaire montre bien la différence qu’il peut avoir entre la volonté de faire et celle d’y parvenir.
Pas d’improvisation, ni d’approximation n’est possible durablement. Une mise en œuvre du télétravail s’inscrit nécessairement dans un vrai projet de transformation. Elle oblige à questionner le système de management de globalité : pilotage, qui fait quoi, communication, animation de l’équipe, évaluation des performances.
Le livre « Manager le télétravail et le travail à distance » publié en 2021 tient à tirer les enseignements de la crise sanitaire et apporter des outils et exemples concrets pour gérer une mise en application cohérente et personnalisée. Le télétravail c’est de la restauration à la carte et pas le menu pour tous.
L’élément central c’est que la mise en place repose sur le volontariat du manager et son collaborateur et sur le principe de reversibilité. A tout moment, il est possible pour l’un comme pour l’autre de revenir à l’organisation précédente si la situation n’est pas satisfaisante. Cette garantie est dictée par la loi. La durée doit permettre une alternance entre distanciel et présentiel. La durée peut aller de 1 à 4 jours par semaine mais il est préférable de démarrer sur une ou deux journées pour rôder le système et permettre à chacun de prendre ses marques.
Les défis majeurs du management en distanciel peuvent se résumer à 4 mots clés : confiance, engagement, autonomie et collaboration. La confiance concerne l’ensemble des parties prenantes et elle va se construire à travers la préparation, le repérage des besoins et attentes des acteurs. Il faut que le manager et le collaborateur s’engagent mutuellement sur des règles de fonctionnement. Là encore, ce n’est pas une affaire de procédures globales, mais d’engagements personnalisés. L’autonomie du collaborateur s’appréhende à travers la question du contrôle. Celui-ci ne doit pas être invasif au risque sinon de compromettre une responsabilisation effective. Il faut trouver les bons indicateurs et la bonne fréquence. La collaboration entre les différents membres de l’équipe de travail est aussi un autre défi important. Il faut impérativement empêcher le risque de voir les télétravailleurs devenir des travailleurs indépendants qui travaillent chacun dans leur coin. Il faut créer des connexions dans le fonctionnement quotidien pour faciliter le partage des informations et le soutien technique.
Le manager dans le suivi mis en place doit veiller aux aspects psychologiques sur le vécu du travail et pas seulement s’intéresser aux résultats. Le stress lié notamment à l’isolement ou à la surcharge de travail sont des risques qu’il faut prévenir dans les échanges formels ou informels réalisés à fréquence régulière. Chaque personne est différente d’où la nécessité de capitaliser sur l’expérience acquise et de faire évoluer progressivement la manière de travailler ensemble. L’expérience est un moyen pratique pour faire de l’amélioration continue.
La crise sanitaire permet aux entreprises de mesure l’investissement qu’il s’agit de faire pour développer ce mode de travail qui est le management d’aujourd’hui et de demain. En effet, à l’horizon 2030, il est prévu que 50 % des emplois seront télétravaillés.
Un article de Daniel Ollivier pour Foxrh.
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