FoxRH a rencontré Anne-Françoise Chaperon, spécialiste des questions liées aux risques psycho-sociaux et consultante au sein du cabinet Stimulus conseil. Elle nous fait la gentillesse de répondre à quelques questions sur les RPS et sur leurs préventions.
1°) Pouvez-vous nous donner une définition de ce que sont les risque psycho-sociaux ?
Les risques psychosociaux (RPS) sont les faits qui dans l'environnement et les conditions de travail conduisent à la souffrance psychique des salariés et parfois dans les cas les plus graves à leur suicide. On peut nommer essentiellement tous les facteurs de stress, le harcèlement moral et sexuel.
2°) Qu’est-ce qui, à votre avis, peut entraîner la montée des problématiques liées aux RPS dans les entreprises ?
Au premier plan, on peut certainement parler de l’insécurité de l'emploi et du travail. Durant les périodes de plein emploi, lorsque l'on se sentait mal au travail, on savait qu'on pouvait en changer relativement facilement ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. Cette réalité est une source de pression très forte sur les salariés qui ne se sentent pas libres de réagir lorsqu'ils sont menacés par le stress.
Par ailleurs, dans un contexte concurrentiel économique mondial, les exigences du travail sont aujourd'hui de plus en plus fortes.
Ces exigences sont essentiellement de 3 ordres :
La surcharge de travail
La complexité des tâches
Les difficultés de conciliation entre la vie professionnelle et la vie privée et la porosité de ces 2 mondes.
3°) Comment les entreprises agissent-elles pour lutter contre les RPS ?
Avant tout, il faut préciser que la France ne se place qu’au 14e rang européen concernant les actions mises en place par les entreprises pour prévenir le stress et les risques psychosociaux au travail. (Cf un rapport publié en 2010 de l'Agence européenne de sécurité et santé au travail).
Les entreprises qui ont décidé de prendre ce problème au sérieux sont le plus souvent de grandes entreprises et des organismes publics qui ont une longue tradition de culture sociale, ou bien des entreprises qui ont elles-mêmes été confrontées durement à la réalité du stress.
Il existe trois types de prévention du stress au travail :
La prévention primaire qui a comme objectif l'élimination ou le contrôle des facteurs de stress au travail en agissant directement sur les facteurs pour réduire leurs impacts négatifs sur l'individu.
La prévention secondaire visant à aider les salariés à développer leurs compétences en matière de repérage des stresseurs et de gestion de leur propre stress.
La prévention tertiaire est tournée vers l'aide aux personnes qui sont directement affectées dans leur santé mentale ou physique. Il s'agit d'assistance psychologique et de consultations spécialisées.
4°) Qui sont les acteurs clés dans la détection et la gestion des RPS ?
Le CHSCT, les délégués du personnel, le médecin du travail sont des interlocuteurs privilégiés.
5°) La prévention des RPS passent-elles par un changement de dogme autour des pratiques managériales ?
En effet, dans notre culture française, le management est souvent déficient en ce qui concerne la reconnaissance au travail. Communiquer sur ce qui ne va pas est très fréquent dans les entreprises, en revanche valoriser l’effort et le résultat fait moins partie des pratiques courantes.
Il y a là un vrai changement culturel à réaliser de la part des managers.
Un autre élément important est à prendre en compte par les managers également : les changements font plus que jamais partie intégrante de la vie de l'entreprise.
Lors de leur mise en œuvre, il faut être en mesure d’accompagner les salariés qui sont forcément impactés émotionnellement, afin de les aider à faire diminuer leur niveau de stress.
6°) Avez-vous un conseil à donner à nos lecteurs, managers ou professionnels RH, pour mettre en place des process visant à améliorer la gestion des RPS ?
Avant tout, il faut avoir compris que tout le monde a intérêt à ce qu'il y ait le moins de stress négatif possible dans les entreprises, tant en termes de santé pour chacun que de productivité pour l'entreprise.
Le principe fondamental étant de rendre l'entreprise plus humaine, voici deux pistes :
Une première chose que l'on peut faire c'est sensibiliser et former les managers sur cette question des risques psychosociaux et leur donner des outils personnels de gestion de stress, mais aussi des techniques pour gérer le stress de leurs collaborateurs. Lorsque les managers montrent l'exemple, c'est plus facile ensuite d'insuffler un climat apaisé dans les équipes.
En termes de prévention primaire, il est important d'essayer d'impliquer la direction générale et son conseil d'administration. En effet, la responsabilité des dirigeants est essentielle pour mettre en œuvre une véritable politique de santé, pour repenser les modes de management et d’organisation et pour impliquer l'ensemble des acteurs de l'entreprise.
Vous pouvez retrouver Anne-Françoise Chaperon sur www.cabinet-de-psychologues.fr